Il existe d’autres Mondes, Pierre Bayard

Auteur du fameux Comment parler des livres qu’on n’a pas lus, Pierre Bayard, psychanalyste et professeur de littérature à Paris 8 s’illustre dans l’écriture d’essais littéraires originaux, voire délirants (ce qu’il revendique dans l’ouvrage dont il va être question ci-dessous en faisant explicitement le lien entre théorie et délire). Dans Il existe d’autres mondes, donc, qui se lit avec intérêt et grand plaisir, il est question d’univers parallèles, de physique quantique et d’adaptation d’une théorie scientifique passionnante à la critique littéraire et à la lecture d’oeuvres d’écrivains aussi prestigieux que Dostoïevski, Kafka, Murakami, Barjavel, Pohl ou Nabokov, entre autres. Tout commence par une lecture de vulgarisation de l’expérience du chat de Schrödinger, par des considérations sur la physique quantique et les univers parallèles. Puis, Bayard nous entraîne dans une lecture nouvelle des auteurs cités ci-dessus, à la lumière de la théorie des mondes parallèles. C’est drôle, c’est érudit, c’est original. Chaque chapitre commence par une très courte fiction d’une à deux pages, dans laquelle l’auteur explore les mondes parallèles et prête aux auteurs qu’il relit (y compris à lui-même) une autre vie, dans un autre monde, et qui met en lumière certains aspect de l’oeuvre qu’il s’apprête à interpréter. Car pour Bayard, « Relire le monde et les textes à partir de la théorie des univers parallèles, c’est donc d’abord se relire soi‑même en réfléchissant sur notre multiplicité psychique, sur tout ce que nous aurions pu être si le destin avait été différent et sommes en effet devenus dans les univers alternatifs qui nous entourent, dont nous percevons les signaux fugitifs en nos moments de pleine conscience. » C’est donc à une autre forme de lecture et de critique que nous convie Pierre Bayard, qui conclut son livre sur une partie intitulée Extension du modèle, dans laquelle il n’hésite pas à remettre en cause certains apports de la théorie freudienne (lui qui est psychanalyste) à la lecture des oeuvres pour lui préférer une relecture à l’aide de la théorie des univers parallèles, et en s’essayant à cette nouvelle critique, il invite son lecteur à lire ses oeuvres d’un autre point de vue, comme si nous étions des extraterrestres découvrant notre monde ou peut-être d’autres nous-mêmes venus sans doute d’un monde parallèle et découvrant ce monde-ci et sa littérature avec un regard neuf. Jubilatoire !

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