
« Regarder ainsi les vitrines, qui n’y prendrait plaisir ? Au vol, le regard grignote du chocolat.
Ici, ce sont des chapeaux qui t’intéressent, là des cravates, ailleurs des saucisses de Vienne et de Francfort. Parfois, on a pour rien les plus belles choses, comme par exemple de contempler des reproductions de grands maîtres.
Appétissants, de petits bouquets de violettes, avec leur mauve subtil, voisinent avec des oranges. Nos yeux nous procurent une foule de joies.
Dans des boutiques d’antiquités sont exposées des batailles de l’histoire suisse. On est stupéfait par tant de violence. la possibilité de jouir de la vie par son bon côté, il faut la conquérir à bras raccourcis. »
Un texte qui anticipe les photographies de vitrines que le XXe siècle nous offrira plus tard… le texte d’un promeneur flâneur qui associait à son art de la promenade un sens consommé de l’observation, prémices à bien des descriptions littéraires toutes plus délicieuses les unes que les autres.
Photo : Vivian Maier