
« Je me relis plus que je n’écris. C’est d’ailleurs ça, écrire, c’est le fondement même de l’écriture, se relire, se reprendre, raturer. Il ne peut y avoir d’écriture littéraire sans relecture. (…)
J’imprime en permanence ce que j’écris, j’imprime chaque état du travail, et je me corrige à la main, crayon noir ou Uni-ball eye à pointe fine de chez Mitsubishi. Il y a des choses invisibles au profane que mon regard exercé re^ère au premier coup d’œil. Je modifie un détail ici, j’excise une excroissance là. Je ne me relis jamais sur l’écran de l’ordinateur. (…)
Ce qui importe, au demeurant, ce n’est pas tant de multiplier les relectures, c’est qu’il y ait un temps de latence entre chaque relecture. Le temps du travail littéraire est donc autant celui, effectif, de l’écriture que le temps abstrait qui s’écoule entre deux relectures. (…)
Telle est la règle que je m’applique toujours quand j’écris : Tout se permettre quand on écrit, ne rien laisser passer quand on se relit. »