
« L’effet de souffle littéraire est un souffle de vie – c’est un QI, c’est le QI chinois. Il est très proche de l’énergie romanesque, que j’ai essayé d’atteindre dans certaines scènes de Fuir et de La Vérité sur Marie, de pures scènes de fuite éperdue sorties de tout contexte narratif, la fuite de nuit à trois sur une moto à Pekin, la fuite du cheval Zahir sur le tarmac de l’aéroport de Narita. Dans ces moments exacerbés où le livre s’emballe, il fallait que je ois moi-même dans le mouvement, dans la poursuite, dans le hérissement, dans l’affolement. L’emballement du cheval qui s’échappe dans la nuit sur les pistes de Narita est emblématique à cet égard. La scansion dans le rythme qui s’installe alors, les mots qui s’élancent, qui déferlent, qui se ruent sur les traces du cheval, le rythme heurté, saccadé, de la phrase, calqué sur le galop du cheval, a quelque chose à voir avec le souffle, on est au cœur de la rafale, on est – moi, le lecteur, les poursuivants, la phrase – emporté par ce souffle littéraire qui se lève soudain dans le roman. »