I’m your Man, Maria Schrader

On ne sait pas bien pourquoi Alma, qui travaille depuis trois ans sur un sujet de recherche pointu, se satisfait parfaitement de sa situation d’éternelle célibataire qui a mis sa vie privée au rancart pour se consacrer à son travail et ne croit plus visiblement au bonheur amoureux, a été choisie pour une expérience consistant à vivre trois semaines avec un androïde programmé spécialement pour la rendre heureuse. Son patron lui en donne en peu de mots la raison : elle est la seule célibataire (ou presque) de la boîte. Toujours est-il qu’après une première rencontre avortée (bug du robot), la voilà flanquée de Tom qui a encore beaucoup à apprendre avant de satisfaire pleinement sa compagne humaine en devenant moins stéréotypé dans son approche d’une femme. L’acteur qui joue ce rôle de composition, Dans Stevens, est parfait. Le film, dont la revue Cineuropa nous dit qu’il est « exquis tout en étant étonnamment complexe », a d’ailleurs reçu l’ours d’argent de la meilleure interprétation à Berlin (2021), mais il a été étrangement décerné à Maren Eggert (qui joue le rôle d’Alma !).

I’m your Man se veut réflexion sur le couple, le bonheur en amour, la solitude affective ou je ne sais quoi d’autre dans le genre. Ce n’est pas un film de science-fiction, on est loin des idées brillantes d’Isaac Asimov quand il écrivait sa série sur Les Robots (c’est d’ailleurs ce qui manque au scénario, car on se demande constamment quelles lois précises régissent le fonctionnement du robot, qu’on peut assimiler à un simple algorythme, et pourquoi Tom se comporte parfois comme il se comporte, en faisant preuve de curiosité pour le savoir, par exemple, et en particulier lorsqu’il est seul). C’est une comédie dramatique qui se laisse voir.

Le sujet du film correspond sans doute au vieux fantasme de l’humanoïde programmé pour satisfaire amoureusement (et sexuellement, cela va sans dire) l’être humain (ce qui fera peut-être se déplacer plus d’un spectateur masculin), ce qui n’est pas une idée idiote. Il est traité avec finesse et sans aucune lourdeur, en jouant rarement avec les stéréotypes et en se gardant des clichés. Le compte rendu d’Alma, à la fin du film et après qu’elle ait congédié son Tom avant la fin de l’expérience (et après avoir fait l’amour avec lui pour la seule et première fois), est clair et de bon sens : une relation de ce type, complètement unilatérale, n’est rien d’autre qu’une illusion. Mais la dernière scène du film semble revenir sur cette morale évidente. Bon, pour être sincère, je n’ai aucune idée du propos qui serait celui de la réalisatrice (s’il y en a un), et je me demande surtout s’il n’y aurait pas eu moyen de faire un film un peu plus « rock’n roll », un peu moins sage, bref un film corrosif sur un sujet qui pouvait appeler une mise en scène moins convenue et classique.

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