
Grand film que ce Decision to leave : narration hyper-maîtrisée, cadrage et photographie magnifiques, bande-son d’une grande beauté, personnages délicieusement ambigus et fouillés, etc… Rien n’est laissé au hasard avec Chan-Wook Park, y compris les transitions les plus surprenantes (le passage de la première à la deuxième partie fait s’interroger le spectateur sur le personnage féminin, qu’on ne reconnaît pas en un premier temps, et sur un personnage masculin, Paf, qui débarque sans crier gare… est-ce bien toujours le même film, oui en réalité…) ou les scènes dans lesquelles un personnage qui n’a rien à faire là est invité pour signifier combien sa présence réelle serait logique. On peut ne pas être fan de polar et se faire prendre au piège de l’intrigue, rien d’étonnant à cela, il s’agit de bien plus que d’un film de genre. Le drame psychologique fonctionne merveilleusement, l’histoire d’amour n’est pas parfumée à l’eau de rose, quant à la fin qu’on pourrait trouver romantique (romantoque), elle est bien plutôt digne d’une tragédie et d’une beauté formelle qui fait passer l’émotion comme une lettre à la poste. Il y a du Wong Kar-Wai chez ce réalisateur coréen, amour impossible quand tu nous tiens ! Par manque d’envie d’en dire trop long sur l’intrigue, l’auteur de cette chronique vous recommande ce film en tous points somptueux sans évoquer l’histoire. C’est un grand film que ce Decision to leave, vous disais-je. Le haut du panier de ces six premiers mois de cinéma. Allez-y, mais allez-y !