
Premier roman, de toute évidence très autobiographique, mais qu’importe, sur le thème de la quête du père d’une jeune femme métisse, quête qui lui prendra tout une vie, mais aussi sur le thème du temps qu’il faut pour renoncer, et donc du renoncement, Dans un Royaume lointain est de ces livres qu’on lit d’une traite (il y en a assez peu, quand on y pense bien, Je suis une Légende est peut-être le seul dont je garde le souvenir, souvenir d’une nuit vouée à sa lecture…). Amina Richard a une plume qui lui permettrait sans doute d’écrire sur n’importe quel thème sans ennuyer son lecteur, c’est une belle vertu d’écrivain. Phrases-paragraphes, phrases amples et longues (tout ce que j’aime), vocabulaire riche et juste, narratrice bien campée, coupée en deux, celle qu’elle est et, toujours présente, comme auprès d’elle, la petite fille qu’elle fut, avec ses rêves, ses désirs de petite fille sans père, Ndiolé, à qui la sage-femme, partie déclarer l’enfant à la mairie en l’absence d’un homme qui aurait reconnu le bébé, choisit de donner un nom chrétien (celui de sa grand-mère). Le royaume lointain de ce livre, autant que le Sénégal, où la narratrice se rend pour rencontrer ce fameux père qui jamais n’a pris de ses nouvelles ou n’a cherché à la rencontrer, homme respecté dans sa famille et son pays, il est professeur d’université, père d’une grande fratrie, un rien distant avec tous, père que l’arrivée de cette enfant qu’il a tout fait pour oublier embarrasse, c’est le moins qu’on puisse dire, autant que le Sénégal et même bien plus, est sans doute le pays merveilleux de l’écriture, dans lequel Amina Richard évolue comme chez elle, c’est-à-dire bien mieux que sa narratrice dans le pays de son père. Dans un Royaume lointain est donc un très beau livre, dans lequel chaque personnage est narré avec une délicatesse et une justesse de vue remarquables, en évitant intelligemment le pathos ou les ressentiments d’une narratrice que même les rebuffades de ce père égoïste ne fait pas sombrer dans le jugement, un roman où si tout n’est pas mis sur le même plan, une salutaire distanciation, première moitié du livre écrite à la deuxième personne, que le passage à la première personne ne vient pas rompre, permet à l’auteur de tenir son écriture jusqu’au bout. Sacrée belle prestation d’écriture pour ce premier roman, que je vous encourage vivement à lire, vous ne le regretterez pas. Une nouvelle auteure à découvrir, allez-y, les ami-e-s, mais allez-y !
très bon papier. Voilà une critique qui est charpentée, capabler d’aller au je sans prendre pas sur le txt. C’est très bon. et le livre paraît ainsi une totale lumière!
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