
« Blanche écarlate, la voix de Jean Genet. Le souvenir d’une voix a une couleur ; celle de Jean Genet avait quelque chose de lumineux et en même temps d’espiègle. Je l’entends encore. Voix travaillée par le tabac, un peu enrouée, presque féminine, mais une voix qui sourit. Avec le temps, elle est devenue épaisse, calme et toujours présente, pressante. Il écrira dans Un Captif amoureux : « Comme toutes les voix la mienne est truquée, et si l’on devine les truquages aucun lecteur n’est averti de leur nature. »
J’étais loin d’être averti de ces truquages. Il y avait quelque chose de constant dans cette voix, un ton qui variait peu. Il ne parlait jamais fort et, même quand il était en colère, son exaspération ne s’exprimait qu’avec des mots choisis. C’était chez lui naturel. »
Tahar Ben Jelloun, Jean Genet, Menteur sublime