
La littérature considérée comme un art de divertissement, à l’égal de la musique ou du cinéma, cela n’a rien d’une nouveauté. Mais ce type de bouquin – vrai produit de l’édition capitaliste : un livre qui se vend, un livre facile donc, que lecteurs et lectrices auront plaisir à lire parce que pas prise de tête… – est tombé entre nos pattes, posé là obligeamment par un copain qui en parlait avec un petit sourire (en coin ?). C’est un bouquin qui se lit très vite, à coup de petits raids de cinquante pages, c’est torché en quatre fois, soit en deux jours. C’est peut-être ça, un bouquin pas prise de tête, ça se veut drôle, tout est donné, pas de phrases trop complexes, comme la musique qu’on écoute pour rouler sur l’autoroute, ça avance…. Il faut que ça swingue un peu, de l’humour, des gags et des phrases bien senties avec petite blague qu’on pourra facilement ressortir en soirée. Bref, la facilité camarade.
Donc, Samouraï, c’est l’histoire d’un écrivain (qui pourrait éventuellement ressembler à l’auteur du livre, à qui sa nana dit en le plaquant « Tu pourrais pas écrire un roman sérieux ? »), un gars à qui ses voisins demandent de garder leur piscine pendant leur vacances, et que la piscine et l’eau, ça laisse indifférent, mais pas la terrasse sur laquelle il se voit écrire un livre, un gars qui est dans ses fantasmes et qui les écrit. On a le droit à la liste de ses projets de roman sérieux qui se suivent, chapitre après chapitre, aussitôt abandonnés par absence de capacité à s’en tenir au principe de réalité. On a le droit à ses rêves et stratégies de reconquête de son ex, qui l’a largué pour un mec sérieux, un prof de fac spécialisé dans la littérature du XVIe siècle et plus particulièrement dans Ronsard (il l’appelle donc Ronsard). Mais comme ça suffirait pas pour faire un bouquin, il se passe un truc un peu fantastique avec la piscine, avec cerise sur le gâteau en approchant de la fin (un événement qui fait boum). Bref, si on en croit les deux extraits de critiques de quatrième de couverture qui vont donner un coup de main pour la vente, c’est drolatique, cynique, hilarant, etc… (du bon usage des adjectifs qui font vendre…). Si j’en crois ma lecture, c’est du temps perdu. On me dira que les lecteurs et lectrices ont le droit de lire des livres faciles. Oui, ils ont le droit. Que l’auteur a le droit de gagner sa vie en écrivant des trucs de ce genre. oui, il en a le droit. Que Folio a le droit de vendre de la soupe. Oui, et Folio ne s’en prive pas. Next…
