Sur les Ossements des morts, Olga Tokarczuk

Janina Doucheyko, le personnage principal de ce roman de Tokarczuk, est une vieille femme qui vit isolée l’hiver (en s’occupant de maintenir en état les maisons de ses voisins redescendus à la ville) entre deux voisins, hommes dissemblables, celui qu’elle surnomme Grand Pied, un chasseur assez antipathique, et Matoga, un introverti qui communique le moins possible, jusqu’au soir où il vient chercher sa voisine pour s’occuper du corps de Grand Pied qu’il a trouvé mort chez lui. Janina est une drôle de bonne femme, ingénieure à la retraite, passionnée d’astrologie et de William Blake qu’elle traduit avec le jeune Dyzio, un de ses rares amis (le titre du roman est d’ailleurs emprunté à l’un de ses poèmes) , écologiste et végétarienne, en colère contre les chasseurs, capable de harceler les flics (en vain) pour qu’ils sévissent contre les braconniers et les chasseurs qui ne respectent pas les périodes d’interdiction de la chasse. Bref, elle est considérée par beaucoup comme la vieille toquée du hameau, une originale plutôt cinglée et un rien obsessionnelle qu’il vaut mieux éviter. Un personnage plutôt sympathique pour le lecteur, qui la suit dans ses théories étranges et ses supputations en tous genres avec un bonheur certain.

Après la mort de Grand Pied, une série de morts suspectes d’hommes du coin (tous du milieu des chasseurs) va intéresser notre astrologue et traductrice, qui développe bien sûr une théorie loufoque sur cette énigme policière (le bouquin n’est en rien un polar, il a plutôt tout d’un conte écologique qui se penche sur le rapport des hommes à la nature et aux animaux) : ce sont les animaux qui se vengent des hommes en les tuant. Ni plus ni moins. Et ce n’est sans doute pas fait pour déplaire à Janina qui a justement une théorie sur les hommes et leur « autisme testostéronien ».

Bref, ce livre fantaisiste se lit avec plaisir, plutôt rapidement (ce n’est pas un pavé) et on y retrouve avec plaisir le sens de l’humour décapant de l’auteure polonaise dont l’oeuvre, nous semble-t-il, vaut d’être découverte.

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