Stephen Vizinczey, Vérités et mensonges en littérature – morceaux choisis 7

« Il confiait qu’il ne voyait qu’une seule règle en matière d’écriture : être clair. (« Souvent, je réfléchis un quart d’heure pour placer un adjectif avant ou après son substantif. Je cherche à raconter avec une idée, avec clarté, ce qui se passe dans un cœur. ») Par gratitude pour la critique enthousiaste de Balzac, il fit la promesse (non tenue) de « corriger le style » ; mais il ne faisait aucun doute dans son esprit que, des deux, c’était lui qui avait raison. Comme il l’avait déjà écrit ailleurs, « Il n’y a qu’une grande âme qui ose avoir un style direct. C’est pour cela que Rousseau a mis tant de rhétorique dans La Nouvelle Héloïse« . Stephen Vizinczey, Vérités et mensonges en littérature

Stephen Vizinczey, Vérités et mensonges en littérature – morceaux choisis 6

« On me dit, écrit-il à Balzac, qu’il faut quelquefois délasser le lecteur en décrivant des paysages, des habits, etc. Mais ces choses m’ont tant ennuyé chez les autres ! J’essaierai. » Il n’infligeait pas à ses lecteurs ces passages « obligatoires » qu’il trouvait lui-même si pénibles – c’est la raison pour laquelle il compte parmi les rares auteurs que nous pouvons lire sans sauter des pages. Excusant ses erreurs de négligence en arguant du fait que le livre avait été dicté en à peine neuf semaines (chose à peine croyable !), il confiait innocemment qu’il n’avait jamais « songé à l’art de faire un roman », et qu’il ignorait l’existence de règles en la matière. » Stephen Vizinczey, Vérités et mensonges en littérature

Il faut croire que les grands romanciers n’obéissent qu’à leurs règles, et que Stendhal n’avait pas même besoin de les connaître…

Dans un Royaume lointain, Amina Richard

Premier roman, de toute évidence très autobiographique, mais qu’importe, sur le thème de la quête du père d’une jeune femme métisse, quête qui lui prendra tout une vie, mais aussi sur le thème du temps qu’il faut pour renoncer, et donc du renoncement, Dans un Royaume lointain est de ces livres qu’on lit d’une traite (il y en a assez peu, quand on y pense bien, Je suis une Légende est peut-être le seul dont je garde le souvenir, souvenir d’une nuit vouée à sa lecture…). Amina Richard a une plume qui lui permettrait sans doute d’écrire sur n’importe quel thème sans ennuyer son lecteur, c’est une belle vertu d’écrivain. Phrases-paragraphes, phrases amples et longues (tout ce que j’aime), vocabulaire riche et juste, narratrice bien campée, coupée en deux, celle qu’elle est et, toujours présente, comme auprès d’elle, la petite fille qu’elle fut, avec ses rêves, ses désirs de petite fille sans père, Ndiolé, à qui la sage-femme, partie déclarer l’enfant à la mairie en l’absence d’un homme qui aurait reconnu le bébé, choisit de donner un nom chrétien (celui de sa grand-mère). Le royaume lointain de ce livre, autant que le Sénégal, où la narratrice se rend pour rencontrer ce fameux père qui jamais n’a pris de ses nouvelles ou n’a cherché à la rencontrer, homme respecté dans sa famille et son pays, il est professeur d’université, père d’une grande fratrie, un rien distant avec tous, père que l’arrivée de cette enfant qu’il a tout fait pour oublier embarrasse, c’est le moins qu’on puisse dire, autant que le Sénégal et même bien plus, est sans doute le pays merveilleux de l’écriture, dans lequel Amina Richard évolue comme chez elle, c’est-à-dire bien mieux que sa narratrice dans le pays de son père. Dans un Royaume lointain est donc un très beau livre, dans lequel chaque personnage est narré avec une délicatesse et une justesse de vue remarquables, en évitant intelligemment le pathos ou les ressentiments d’une narratrice que même les rebuffades de ce père égoïste ne fait pas sombrer dans le jugement, un roman où si tout n’est pas mis sur le même plan, une salutaire distanciation, première moitié du livre écrite à la deuxième personne, que le passage à la première personne ne vient pas rompre, permet à l’auteur de tenir son écriture jusqu’au bout. Sacrée belle prestation d’écriture pour ce premier roman, que je vous encourage vivement à lire, vous ne le regretterez pas. Une nouvelle auteure à découvrir, allez-y, les ami-e-s, mais allez-y !

Explorateurs de l’abîme, Enrique Vila-Matas

Plaisir de retrouver l’Enrique Vila-Matas que l’on aime, celui des années passées, peut-être pas l’Enrique Vila-Matas qu’il est devenu, cet écrivain vieillissant qui semble (me semble) se répéter en se caricaturant, mais l’Enrique Vila-Matas qui mettait déjà, car il l’a toujours fait, la littérature au cœur de ses œuvres, et les écrivains, mais avec un bonheur qu’il semble (me semble) avoir perdu, ou alors qu’il cherche à pousser à son extrémité, jusqu’au bord du bord, sans plus convaincre (c’est en tout cas ce qu’il me semble), dans Explorateurs de l’abîme, on retrouve donc ce vieil Enrique Vila-Matas, par moments au firmament de son style et de sa (méta)littérature. La première nouvelle du recueil, Café Kubista, semble écrite pour définir un projet, celui du livre qui se propose d’explorer les lointains chers à Kafka (le café Kubista se situe à Prague), les bords du précipice au-dessus de l’abîme : « Je pense qu’un livre naît d’une insatisfaction, d’un vide, dont les périmètres se révèlent au cours et à la fin du travail. Dans le livre que j’ai terminé hier, tous les personnages finissent par être des explorateurs de l’abîme ou plutôt de son contenu. Ils enquêtent sur le néant et n’arrêtent que lorsqu’ils tombent sur l’un de ses éventuels contenus, car il leur déplairait sans doute d’être confondus avec des nihilistes. Confrontés au monde, ils ont tous choisi de se pencher au-dessus du vide. » Comme si ce début était écrit en manière de préface, après en avoir fini avec le livre… Et, comme de juste, Vila-Matas attribue à Kafka une citation imaginaire, dont il dit à la fin du texte qu’elle a été déformée par une mémoire défectueuse, pour finalement la corriger et invalider ses hypothèses de lecture sur son propre texte. L’imposteur est de retour, qu’on se le dise…

Le recueil est donc situé par son auteur sous le patronage de Franz Kafka, dont un extrait du texte Le Départ, titré Autre Conte hassidique, nous ramène à la citation que la mémoire de Vila-Matas n’avait en rien déformée : « Loin d’ici, voilà mon but. » Est-il joueur, cet écrivain catalan ! La nouvelle suivante, La Modestie, nous conte l’histoire d’un chasseur de phrases, sans doute un des nombreux doubles littéraires de Vila-Matas, ce chasseur de citations qui n’hésite pas à en inventer, les prêtant à des auteurs réels ou fictifs. Sang et eau, qui suit, nous ramène au projet de l’écrivain, qui s’est remis à écrire des nouvelles, mais sans pour autant s’adapter au genre, en continuant à écrire comme un romancier, mais plus encore en continuant à faire dans le métalittéraire alors qu’il faudrait, au moins pour contenter ses contempteurs, écrire « des histoires de personnes normales, en chair et en os, ayant sang et foie ». Aussi ne s’étonnera-t-on pas de lire, aussitôt, une nouvelle titrée Nino, le fils insupportable d’un narrateur qui le verrait bien mourir avant lui, ce fils qui ne travaille pas, et a pour tout projet d’enquêter sur l’au-delà, et se dit déjà dans l’antichambre de la mort. La loufoquerie des personnages du recueil est à l’égal de celle de la plupart des personnages de papier des romans de Vila-Matas, celle d’Ainsi sont les autistes, par exemple, histoire d’un homme qui ne sait pas qu’il est autiste et le découvre quand il rencontre une infirmière, qui le lui annonce sans prendre de gants, puis finit par lui avouer qu’elle l’est elle-même et l’embauche dans son service, car elle ne saurait travailler qu’avec un de ses semblables. Loufoquerie du narrateur de Matière obscure, qui depuis son appartement espionne ses voisins, un couple, leurs disputes, leurs ébats, et finit par les terroriser en se présentant à eux comme Dieu lui-même avant de leur rendre leur tranquillité en ne leur ouvrant pas sa porte. Et nous voilà transportés dans un univers de nouvelles, avec des personnages normaux, qui n’ont rien de normaux, dont les aventures sont loin d’être normales (Le Jour dit, et son héroïne Isabelle Dumarchey à qui une Gitane prédit les conditions de sa mort, sans certitude sur sa date, et qui ne vit plus que dans l’angoisse permanente), et même dans une nouvelle de science-fiction (incroyable !) très réussie (J’ai aimé Bo). Illuminé, personnage principal de la nouvelle éponyme, communique avec son père mort quatre ans plus tôt, qui lui fait ses recommandations pour réussir sa vie. Et nous poursuivons cette lecture captivante jusqu’à Lumière extérieure, qui va être l’occasion d’une expérience personnelle de la synchronicité chère à Jung, dont il est question dans la nouvelle, et dont me parle (de la synchronicité chère à Jung, en me racontant l’histoire de la patiente de Jung et de sa phobie des coléoptères et de sa rencontre, au moment où elle en parle à Jung, de sa phobie, bien sûr, avec un scarabée qui a frappé deux fois à la vitre et à qui Jung ouvre la fenêtre sans l’avoir vu, le faisant ainsi entrer dans son cabinet, expérience salvatrice pour la patiente et son thérapeute…) le soir même, un ami. Vila-Matas et la vie sont facétieux. Parce qu’elle ne l’a pas demandé est l’occasion de retrouver Rita Malu, personnage créé de toute pièce par Vila-Matas dans Abrégé de la littérature portable (court texte publié à son nom, mais écrit en réalité par Yves Jouannais, à qui il a lui aussi offert certains de ses écrits pour qu’il les publie en son nom, bande d’imposteurs !), non plus en shandy de la littérature, mais en imitatrice de Sophie Calle, nouvelle dans laquelle Vila-Matas se met lui-même en scène dans une collaboration vouée à l’échec avec l’artiste contemporaine et photographe. Le lecteur normal (ou pas) se régale ! Fin du recueil avec retour à la métalittérature dans une nouvelle dont je ne citerai pas le titre et dont je ne parlerai pas plus que ça. Merci encore Monsieur Enrique, qu’il faut lire et relire même quand on s’en lasse, car même quand on s’en lasse, il reste bien un de ses livres qu’on n’a pas lu et qui nous fera dire qu’on ne se lasse jamais d’Enrique Vila-Matas.

Stephen Vizinczey, Vérités et mensonges en littérature – morceaux choisis 5

« La plupart des nouveaux livres que je lis me paraissent à moitié achevés. L’auteur était visiblement content d’avoir fait quelque chose qui se tienne à peu près, puis il est passé à autre chose. Pour moi, écrire devient vraiment passionnant quand je reviens à un chapitre deux ou trois mois après l’avoir écrit. A ce stade, je le regarde moins comme un auteur que comme un lecteur – et quel que soit le nombre de réécritures auxquelles j’ai soumis à l’origine ce chapitre, je trouve toujours des phrases qui sont vagues, des adjectifs qui sont inexacts ou redondants. Il m’arrive même de trouver des scènes entières qui, bien que véridiques, n’ajoutent rien à ma compréhension des personnages ou de l’histoire, et donc peuvent être supprimées.

C’est à ce stade que je remâche le chapitre assez longtemps pour l’apprendre par cœur – je le récite mot à mot à quiconque est disposé à m’écouter -, et si je ne parviens pas à me souvenir d’un passage, je m’aperçois généralement que ce passage clochait. La mémoire est un bon critique. » Stephen Vizinczey, Vérités et mensonges en littérature

Stephen Vizinczey, Vérités et mensonges en littérature – morceaux choisis 4

« Aucun écrivain ne peut davantage nous aider à nous guérir de ce malheur que nous nous infligeons à nous-mêmes que Stendhal ; le romancier en qui Freud voyait un « génie de la psychologie » nous fait toucher du doigt la tension permanente qui écartèle notre conscience entre nos réactions prévisibles et celles que nous éprouvons dans la réalité. Une façon de décrire son premier grand roman, Le Rouge et le Noir, est de dire qu’il s’agit d’un conte ironique sur un jeune homme si résolu à se placer dans des « situations heureuses », si certain de savoir ce qui le rendra heureux, qu’il ne parvient pas à se rendre compte des moments où il est véritablement heureux. » Stephen Vizinczey, Vérités et mensonges en littérature

Stephen Vizinczey, Vérités et mensonges en littérature – morceaux choisis 3

« Rien de ce qui ait déjà été fait ne pourra vous apprendre comment réaliser quelque chose de nouveau, mais si vous comprenez les techniques des maîtres, vous avez plus de chances de développer la vôtre. Pour dire les choses dans le langage des échecs : il n’y a pas eu encore un seul grand maître qui n’ait pas connu par cœur les parties de championnat de ses prédécesseurs.

Ne commettez pas l’erreur classique d’essayer de tout lire pour être bien informé. Etre bien informé vous permettre de briller en société, mais ne vous sera absolument d’aucune utilité en tant qu’écrivain. Lire un livre afin de pouvoir bavarder à son sujet n’est pas la même chose que le comprendre. Il est beaucoup plus utile de lire et relire quelques grands romans jusqu’à ce que vous compreniez ce qui les fait fonctionner, et comment leur auteur les a construits. Vous devez lire un roman environ cinq fois avant de pouvoir discerner sa structure, ce qui lui donne sa puissance dramatique, ce qui lui confère son allure et son dynamisme. Ses variations en matière de tempo, d’échelle et de temps, par exemple : l’auteur décrit une minute en deux pages, puis consacre une seule phrase en deux années – pourquoi ? Quand vous aurez compris cela, vous aurez vraiment appris quelque chose. »

Stephen Vizinczey, Vérités et mensonges en littérature

Stephen Vizinczey, Vérités et mensonges en littérature – morceaux choisis 2

« Tout cela pour dire que les plus grands romanciers anglais et américains sont Pouchkine, Gogol, Dostoïevski, Tolstoï, Stendhal et Balzac traduits en anglais. Il y a certes des nuances vouées à être perdues, et des erreurs de traduction flagrantes (tel le titre A Harlot High and Low pour Splendeurs et misères des courtisanes de Balzac), mais tout de même, il n’y a pas de plus vive émotion intellectuelle que de lire ces écrivains.

La seule émotion encore plus vive est de les relire. lire La Chartreuse de Parme une fois est à peu près aussi absurde que d’écouter Cosi fan tutte une seule fois ; ce n’est qu’à la cinquième ou la sixième lecture que l’on en sait assez pour prendre part à la vision d’un génie. »

Stephen Vizinczey, Vérités et mensonges en littérature

Stephen Vizinczey, Vérités et mensonges en littérature – morceaux choisis 1

Tu écriras ce qui te plaira

Cela signifie qu’il n’y a pas lieu de vous forcer à vous intéresser à quelque chose qui vous ennuie. Quand j’étais jeune, j’ai perdu beaucoup de temps à essayer de décrire des vêtements et des meubles. Je ne m’intéressais pas le moins du monde aux vêtements et aux meubles, mais comme Balzac leur vouait un intérêt passionné, qu’il parvenait à me communiquer, je pensais que je devais maîtriser l’art d’écrire de passionnants paragraphes sur les armoires avant de pouvoir devenir un bon écrivain. Voués à l’échec, mes efforts épuisèrent tout mon enthousiasme pour le cœur de mon sujet.

Maintenant je n’écris plus que sur ce qui m’intéresse. Je ne cherche pas de sujets : tout ce à quoi je ne puis m’arrêter de penser – voilà mon sujet. Stendhal a dit que « la littérature est l’art de leaving out » (laisser de côté), et je laisse de côté tout ce qui ne me paraît pas important.

L’un des dix commandements de l’écrivain selon Vizinczey, à retenir et imiter.

L’Appareil-photo, Jean-Philippe Toussaint

L’Appareil-photo est un très court roman de Jean-Philippe Toussaint, son troisième, qui poursuit et achève la recherche littéraire entamée avec La Salle de bain. Il s’ouvre sur un incipit dont l’auteur dit lui-même qu’il s’agit là d’un manifeste, qui annonce au lecteur que l’auteur se moque ouvertement de lui ‘ »C’est très radical, comme incipit, c’est vraiment se foutre du monde. ») : « C’est à peu près à la même époque de ma vie, vie calme où d’ordinaire rien n’advenait, que dans mon horizon immédiat coïncidèrent deux événements qui, pris séparément, ne présentaient guère d’intérêt, et qui, considérés ensemble, n’avaient malheureusement aucun rapport entre eux. » Et nous voilà partis dans un roman centré sur « l’insignifiant, le banal, la prosaïque, le « pas intéressant », le « pas édifiant », sur les temps morts, les événements en marge, qui normalement ne sont pas du domaine de la littérature, qui n’ont pas l’habitude d’être traités dans les livres. » Outre, ce qu’en dit Toussaint, l’intérêt de cet incipit consiste à faire comme si le livre était déjà commencé et qu’on n’en lisait pas la première phrase (« C’est à peu près à la même époque de ma vie… », comme si le narrateur était déjà en train de nous raconter cette époque de sa vie, comme s’il avait déjà commencé). A quoi on pourrait ajouter la désinvolture du narrateur, qui fait dans l’à peu près, ce qui se vérifie par la suite dans le roman.

Quant au titre du roman, il en rajoute une couche, car le fameux appareil-photo n’arrive qu’à la page 101, à 24 pages de la fin. Toussaint joue donc bien avec son lecteur. Et le lecteur suit, dans un texte aux phrases longues, ciselées, un narrateur on ne peut plus désinvolte, dont l’activité principale consiste à lutter contre la réalité pour la tordre comme bon lui semble, un jeune homme dont la difficulté à vivre (qui s’exprime par sa nonchalance et dans une intrigue qui multiplie autant qu’elle le peut les événements amusants narrés avec une certaine forme d’ironie et de distanciation) va se transformer progressivement en désespoir d’être. L’histoire d’amour que conte le texte n’a donc pas plus de sens et d’intérêt que la découverte d’un petit appareil-photo dans les replis d’une banquette, ou que le fait d’aller chercher une bouteille de gaz primagaz alors que la consigne qu’on rapporte est une thermogaz… Philosophique, mais sans qu’on y trouve quelque réponse que ce soit aux questions existentielles posées par la vie du narrateur-personnage, le roman échappe à toute forme connue, et Toussaint le situe dans ce qu’il écrit, qu’il nomme roman infinitésimaliste, qui louche vers l’infiniment grand comme vers l’infiniment petit. Un roman qui ne se lit pas toujours avec bonheur, au gré des différents déplacements du narrateur, qui n’ont pas plus de sens ou de valeur que tout ce qu’il vit, un roman qui ne dénoue aucune des situations qu’il propose, sinon dans l’absence de dénouement. Bref, un roman bien plus intellectuel ou intelligent qu’il peut en avoir l’air, un roman formidablement écrit, mais un roman qui déçoit pourtant, malgré toutes les qualités (elles ne sont pas toutes énoncées dans cette chronique) qu’on peut lui reconnaître. Sachant que Toussaint s’en est tenu là de cette recherche, lire les livres suivants ne nous fera pas revivre cette expérience, qu’on peut pourtant tenter avec L’Appareil-photo.