Goodnight Soldier, Hiner Saleem

Deux pères et deux familles qui se détestent cordialement, deux jeunes gens, Ziné et Avdal qui jouent les Roméo et Juliette, une guerre contre Daesh, un pays, le Kurdistan, des combattants, les Peshmergas. Avdal s’est engagé, rien ne l’y obligeait. Ziné et lui ont décidé de s’opposer à leurs familles en se mariant. Au front, Avdal sauve la vie de son commandant, mais est blessé. Le chirurgien qui l’opère lui permet de remarcher. Pourtant, le soir des noces, Avdal prend conscience que sa blessure l’a métamorphosé. Il n’est plus lui-même, dit Ziné. La jeune femme s’accroche autant qu’elle peut à leur amour, le jeune homme aimerait y croire lui aussi, mais sa rencontre avec le chirurgien ne lui laisse aucun espoir. Dès lors, il ne pense qu’à offrir à Ziné sa liberté.

Beau film que cette ode à l’amour et à la liberté. Mais il est difficile dans un pays de culture musulmane de résister à la pression sociale, aux familles qui s’immiscent dans la vie des jeunes couples, jusque dans leur lit, même. La belle Ziné devrait être enceinte ! On enjoint le jeune couple de se dépêcher de bien faire les choses pour que naisse un enfant. On s’étonne que Ziné trouve un travail dans une raffinerie de pétrole. On jase dans le dos du couple. Insupportable pression, qui s’intensifie quand tout le monde sait qu’Avdal est impuissant, handicap unanimement considéré comme une tare, une honte, y compris par Avdal lui-même. Le film, même s’il n’oublie pas de sourire avec quelques scènes proches de la comédie, finit hélas par s’enliser un peu dans le mélodrame, en s’appesantissant sur la dépression qui gagne, sur les larmes de la jeune femme, sur la honte et la tristesse du jeune homme, les moments de solitude de l’un et de l’autre, seuls ou ensemble. Quelques gestes symboliques un peu excessifs, pour une fin moins désespérante que prévue. Le propos manque d’une dimension politique et sociale qui lui donnerait une puissance qu’il n’a pas, hélas, mais il ne faut pas pour autant condamner ce film dont la thématique fait tout l’intérêt.

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