
Une jeune femme, un homme plus âgé qu’elle et son ami, professeur à l’université comme lui et marié à une femme malade du cancer ; une secrétaire trop belle et intelligente pour le rester longtemps, un étudiant. Six personnages dont les destins vont se croiser. Des thèmes : l’amour, la mort, la folie, la maladie, la solitude, l’incommunicabilité, qui tournent passent d’un personnage à l’autre. Un traitement étrange de l’espace et du temps : on ne sait pas où ça se passe, ni quand. Le fantastique qui s’en mêle à la fin.
Un Secret sans importance est un livre qui se lit vite, trop vite peut-être, et avec lequel il est difficile de s’attacher aux personnages. Violette est sans doute le plus attachant des six : elle sort d’un séjour en HP et se bat pour survivre à des souvenirs qui sont autant de traumas pour elle, la mort de son père, celle de son jeune compagnon, la perte d’un enfant avant la naissance. Elle cherche une issue de secours que le destin va finir par lui apporter, avec une quête tournée vers le passé. Emile, l’universitaire qui passe boire le café chez elle chaque matin (elle est sa voisine) et qui va tenter d’avoir une liaison amoureuse avec elle, n’est guère passionnant. Sonia, la femme atteinte du cancer et qui vit ses derniers jours, a sur les autres la supériorité de qui accepte la fatalité, mais son profil de vieille femme juive tournée vers la tradition, Dieu, et sa famille, en fait un personnage un rien anachronique et un peu plat. Dan, son mari, qui a oublié sa religion, a été follement amoureux de sa femme, lui en veut d’être malade, est face à la maladie et la mort assez paumé. Gabriel, l’étudiant, ne joue qu’un rôle mineur, qui s’avèrera « important » dans les dernières pages. Harriet est un beau personnage féminin, qui traverse le livre sans vraiment compter.
Difficile, en sortant du roman, de dire s’il nous a plu ou non. Ce n’est clairement pas une grande œuvre, ce n’est pas non plus un texte sans intérêt. Il a sans doute son importance pour l’auteur, qui dit s’être inspirée du couple de ses parents pour les personnages de Dan et Sonia, l’intrigue se déroule dans un milieu juif, avec le poids de son histoire, mais le livre me semble à moi sans importance. Il n’en reste pas moins que (sorti des anecdotes de vie des six personnages, dont certaines, comme la paternité supposée d’Emile, qui n’a jamais rencontré son enfant, et l’histoire d’amour déçu qui a donné lieu à cette naissance, n’ont guère d’intérêt), la fin du roman m’a semblé pleine de promesses (Agnès Desarthe n’en était qu’à ses débuts), que le côté fantastique du dénouement et l’absence de réelle résolution de l’intrigue-énigme est plutôt réussie et qu’on voit partir Violette en se disant que l’auteure aurait pu se concentrer sur ce personnage-là, sans donner une part trop belle à celui d’Emile. Quant au style, inégal, il varie en fonction des personnages, ou des passages du roman, allant d’une écriture simple et un peu lisse à un style plus riche, ce qui va dans le sens d’un jugement qui voudrait que l’ensemble est en partie réussi en partie raté, et le lecteur forcément déçu par pareille lecture.