Moins que Zéro, Bret Easton Ellis

Premier roman de l’écrivain américain, auteur du très bon Luna park, Moins que zéro est un texte qui se lit vite, un texte assez réussi sur le néant de la vie d’une jeune fils à papa de la Côte ouest (il vit bien sûr à LA), qui tourne à la coke, aux pétards et à l’alcool comme la majorité de ses amis, ne fait rien de sa vie en attendant la fête suivante, poursuit des études qui ne sont sans doute pas d’une importance capitale à ses yeux, sort avec une fille qu’il ne sait pas aimer sans savoir la quitter, la trompe parfois comme in snifferait un rail de coke ou irait au cinéma, c’est-à-dire sans savoir pourquoi, mène donc une vie superficielle en attendant sans chercher à provoquer l’occasion qu’il se passe enfin quelque chose de déterminant. Le style choisi par l’auteur pour narrer les quelques mois de vacances que Clay passe chez sa mère à LA en attendant de trouver un sens à une vie qui n’en a pas est à la hauteur du sujet du livre, plat et sans fioriture, factuel et sans émotion ou presque (peut-être pas impersonnel pour autant) bien adapté à ce que raconte le livre. Portrait sans concession d’une Amérique où les privilégiés sont aussi des paumés, d’une bourgeoisie en perdition et d’une société où la violence est banalisée, Moins que Zéro est un roman réussi, dont la fin est glaçante mais dont le sujet ne concernera sans doute pas les lecteurs qui se foutent bien du grand pays que tous les imbéciles regardent comme le centre du monde. Madame Figaro (le magazine), si on en croit la quatrième de couverture, voyait en Bret Easton Ellis « l’écrivain américain le plus doué de sa génération », on a sans doute vu meilleure recommandation dans le monde littéraire…

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